mardi, septembre 30, 2014

La Communauté de la Corse ( Voyage épique en Terre du Milieu et plus si affinités )


Quitte à faire revivre un peu ce blog (coucou les survivants qui viennent encore !), faisons le dans l'épique, dans le wtf, la joie, l'horreur et les frissons d'une histoire digne des Chaire de Poule de notre enfance.



Je pourrais faire un article choupi de voyage, vous montrer mes photos de vacances, les selfies dégueulasses avec la copine de voyage (coucou Keklokitto !), ou encore vous faire baver avec la description de notre appartement standing quelqu'un a forcément sucé dans l'affaire luxe à 100 mètres de la mer, mais je ne le ferai pas. Du moins, pas dans cet article.

Aujourd'hui, je vais vous raconter notre voyage en Terre du milieu. Parce que dans la folie des vacances, nous avons atterri à Ajaccio, alors que l'appartement en question est à ... Bastia.


Explication illustrée pour ceux qui n'ont rien suivi en cours de géographie.



 A vol d'oiseau ça avait l'air plutôt simple. Naïve enfant que j'étais, il m’apparaissait comme hyper logique que les deux plus grandes villes de l'île soient reliées de manière simple, efficace, rapide, propre et sécur ... j'ai nommée : l'autoroute.
Et bien en fait, non. Parce qu'en Corse, la route elle fait corps avec la montagne tu vois.


Carte routière de l'intérieur des terres Corses


Et les montagnes, elles sont très escarpées. C'est à dire, quand même VACHEMENT PLUS ESCARPEES LEUR MERE que toutes les routes de montagnes que j'ai fait jusqu'à présent.
Et puis tant qu'à faire, elles donnent à pic sur des précipices... très profonds. Très très très profonds.
Avec des virages en aiguilles où ta caisse passe à peine en largeur, ce qui est un peu flippant quand on sait que toute cette zone est limitée à 90 km/h. (Soyons honnêtes, on n'a vu personne rouler à cette vitesse, y compris dans les coins moins hardcores de montagne, d'ailleurs je pense que ces panneaux doivent être sponsorisés par le Ministère de la sélection naturelle)


Bon, ok, vous allez me dire, quelle idée de prévoir de traverser les montagnes en voiture quand :

1 - La conductrice a le vertige (Bravo d'avoir roxé petit Jean-Neige !)

2 - La passagère a le mal des transports (Bravo à moi aussi, j'ai même pas vomi !)







Autant vous dire qu'on était deux à faire la gueule. Mais bon, ça reste relativement technique comme inconfort. Ce qu'il faut VRAIMENT relever dans cette affaire, c'est l'ambiance étrange à souhait et la coalition de détails glauquissimes et wtf.

Après avoir traversée la majeure partie des montagnes, et ayant un peu rejoint la civilisation, nous avons fait une pause "courses", histoire de pouvoir manger le soir même. (Ouais on est des connasses matérialistes, on mange). Et à ce moment là, quelque chose a du glitcher. Nous avons du passer par une faille de l'espace-temps, switcher sur un autre plan de la réalité, bref, tout est devenu bizarre.
(Genre dans 1Q84 à côté, tout est parfaitement normal).
Déjà, à 19h30 il faisait nuit. Mais pas "juste" nuit. Il faisait nuit noire de l'angoisse, et comme ça ne suffisait pas, la brume s'est levée. Donc à question qu'y a-t-il de pire qu'un précipice à pic le long d'une route, je répond sans hésiter "un précipice à pic le long d'une route nimbée de brouillard".

Et une fois sorties des montagnes, à peine à un quart d'heure de notre destination, le drame s'est produit. Le GPS nous dit d'aller tout droit, un vieux panneau tout pourri nous indique une route adjacente. Mon GPS, il est un peu con, il se trompe souvent, il dit des choses un peu obscures et ne connait pas certaines routes. Dans le noir et la brume, on s'est dit que c'était normal que le panneau soit glauque et étrange, puisque tout était glauque et étrange.
Il devait être aux alentours de 20h et quelques, mais entre l'absence totale de lumière, l'ambiance mortuaire, et le fait qu'on n'ait toujours pas croisé un chat, on se serait juste cru à la vingt-cinquième heure. Genre minuit V.2. Et encore, un minuit spécialement glauque. Vous devinez la suite de l'histoire, on a dit fuck Pépito (le GPS) et on a suivi le panneau. Et en gros c'était un peu comme ça :


Et j'exagère à peine.

Forcément, le panneau il indiquait le détour. Et ce qu'il s'est passé, c'est un peu la même chose que dans Catacombes (SPOILERS ta maman à poil !), plus on montait dans la montagne, plus, en réalité, nous descendions aux enfers (bon ok c'est pas vraiment du spoil, mais au pire ne t'inquiète pas, ce film est plutôt bof, genre un Dan Brown en caméra au poing qui aurait mal tourné).

La route indiquée par le petit panneau pouilleux semblait vaguement normale à première vue. Par première vue, j'entends les trois mètres devant nous que nous apercevions dans la nuit noire de l'enfer de Dante et le brouillard du Styx. Sauf que plus on avançait, plus ça sentait le sapin. La route rétrécissait, devenait en terre battue, tournait dangereusement, et surtout, bordel, REMONTAIT DANS LA MONTAGNE.
Sauf que cette montagne là a fait passer les premières routes dont je vous parlais plus haut pour de bonnes parties de rigolade tellement elle était hardcore.

Et la route montait. Et les Shadocks pompaient. Et nous on flippait grave notre race. Parce que la route, c'était limite un sentier tout pourri, parce que si on croisait quelqu'un c'était mort (au sens premier), et parce qu'on s'éloignait sensiblement de la civilisation, pour monter, monter, monter, dans un coin qui semblait de plus en plus sordide, noir, torturé, escarpé, abandonné, *insérez ici adjectif qualificatif flippant*, et tutti quanti.
La seule chose qui nous faisait garder contenance, c'était que par bonheur, nous avions rejoint un véhicule, qui roulait au pas devant nous. Si âme qui vive s'aventurait ici, tout  n'était pas perdu.
Mais vue la gueule du paysage, on s'attendait quand même un peu à tomber sur quelques Nazgûls en vacances, ou pire, sur le Satan de Une Nuit sur le Mont Chauve dans Fantasia.


Vacances en Corse. Photo amateur.


Pour ajouter à l'ambiance de damnation, le GPS nous avait complètement paumées et répétait en boucle "Faites demi-tour, dès que possible",  la lecture aléatoire des musiques s'obstinait à nous mettre des morceaux angoissants, et les seules lumières visibles à des kilomètres, en plus de celles des deux bagnoles, étaient des petites lanternes réparties un peu partout dans la montagne, qui brillaient au loin à travers le brouillard. Et honnêtement le seul truc que ça m'évoquait, c'était les esprits des morts dans Brave. 


Mais avec le vide et la nuit noire en plus, quand même.


Ou à la rigueur, les Sylvains dans Mononoke, le côté rigolo en moins.


Nous allons manger ton âme. Et ton cadavre.


Bon, les loupiotes, la musique glauque, et les chèvres fantômes que je suis persuadée d'avoir aperçu dans les bois morts au détour d'un virage, c'est une chose. Ce qu'on a découvert en arrivant tout en haut de la route, à l'endroit indiqué par le panneau pourri, c’en est une autre.
Pas de ville. Pas de village. Pas de maisons. Pas âme qui vive... (ok, plutôt logique vue la gueule de la route, mais POURQUOI le panneau alors ? WHY GOD ? WHY ?). En revanche, pile au bord du précipice le long de la route, un tombeau délabré... à côté duquel étaient échoués des vieux bus scolaires désaffectés et tout rouillés. DES VIEUX BUS SCOLAIRES VIDES, A CÔTE D'UN TOMBEAU, TOUT EN HAUT D'UNE MONTAGNE DÉSERTE.

...

Tu la sens ma grosse ambiance Chair de Poule ?

Sauf que c'est rien à côté de ce qui a suivi le long de la route-toujours-au-bord-du-précipice-avec-des-cimes-de-sapins-noirs-qui-dépassaient-de-la-brume-en-contrebas. Le dernier truc que t'as envie de voir dans ces moments là : une abbaye en ruine entourée de ses pierres tombales. Mais genre, pas n'importe quelle abbaye en ruine. Sur la tête de mon directeur de mémoire, on a retrouvé L'Abbaye en Ruine de Friedrich.


Auberge de jeunesse Corse.



On a serré les fesses, on s'est cassées fissa du lieu-dit (composé donc d'une abbaye en ruine, d'un cimetière abandonné, d'un mausolée délabré, et de cars scolaires vétustes), pour enfin redescendre de l'autre côté de la montagne.
Entre un grincement de dents en plein virage et notre interrogation vitale à base de  "la voiture devant nous était elle hantée par le démon et nous guidait-elle vers les enfers ?", nous avons à moitié calé devant... un pont. Un pont de pierre à moitié délabré, dont les bas-côtés et les remparts étaient depuis longtemps tombés en ruine au fond de la rivière asséchée qu'il enjambait. AMBIANCE, on retient notre souffle et on traverse, pour croiser un panneau indiquant : Pont des Enfers. OK.

Et là, miracle, après le pont, autour de la route... des bas côtés, de l'espace, un mini parking sauvage sur ces quelques mètres carrés d'espace plan. La voiture devant nous se gare, au milieu de 5-6 autres voitures également garées, là, au milieu de nul part, au milieu de la nuit, au milieu de la montagne. Pas très fières, on verrouille les portes et ouvre la fenêtre pour demander notre chemin. Les conducteurs de devant, un couple de personnes âgées, s'approchent, puis se figent en nous voyant. Ils sont rejoints petit à petit par d'autres petits vieux qui sortent des voitures garées autour... apparemment nous n'étions pas attendues à leur petite sauterie, ils ont l'air gênés et s'empressent de
nous indiquer le chemin pour redescendre de la montagne, et nous les quittons, rassurées d'en finir bientôt avec ce détour de l'enfer, et à moitié convaincues d'avoir croisé une secte bizarre, qui sacrifie
 surement des chèvres aux dieux obscures de la montagne, en les balançant du haut du pont des enfers.


"Ils ne sont pas des nôôôtres ! Paarteeez ! "


Le dernier être vivant croisé lors de cette escapade, juste avant notre retour sur le plan normal de la réalité, sera un chat noir, tant qu'à faire. ♥
Nous sommes finalement arrivées saines et sauves à la bonne ville, puis à l'appartement. Nous avons même survécu au voyage du retour, sans faire cette fois le détour par le vestibule de l'enfer.
Le reste de notre séjour a été plutôt calme, mis à part une rencontre avec des apiculteurs théoriciens du complot et des avalanches de moutons sur la route. Mais ceci est une autre histoire.

Cette histoire vraie était sponsorisée par Koala Krash, la Corse, et Jean Tagada. ♥

A bientôt pour des aventures moins glauques !





1 commentaire :

  1. Addendum.... depuis j'ai appris que certains groupes de chants Corses se réunissaient dans des lieux abandonnés pour répéter. Ce pourrait être une explication scientifique et décente pour les petits vieux dans la montagne, mais ça démystifie quand même vachement le truc. Pour les besoins du scénario, j'aime à croire qu'il s'agissait bien d'une dangereuse secte de fanatiques déments.

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